Avril 2010 – Stage Glénans Risée (2 voiles)

La base Glénans de Concarneau
La base Glénans de Concarneau

Me revoilà à la base de Concarneau. Super dès l’arrivée, grand bonjour de Nicole, je suis presque chez moi ici! Même cérémonial que pour le premier stage. Les nouveaux venus dansent d’un pied sur l’autre, moi avec mes 300 Mn au compteur, je prends l’attitude un peu blasée qu’il convient à un marin confirmé!

Les moniteurs arrivent, les groupes se forment. Pas moyen de trouver « Risée ». Discussions avec l’administration. Mon stage a été supprimé faute de suffisamment d’inscrits, et j’ai été placé dans un stage Tribord. J’aurais aimé le savoir avant d’avoir pris mes jours de congés et fait le trajet. J’ai quoi comme alternative maintenant? Je suis devant le fait accompli et j’ai horreur de cela.

Je trouve le groupe déjà formé. Le moniteur à l’air très cool, un couple de personnes assez âgées et un jeune à l’air dynamique. Exceptionnellement, je vais changer les prénoms de tout le monde. Disons Didier pour le moniteur, Claude et Victor pour les personnes âgées et Fabien pour le jeune.

Topo sécurité. C’est étonnant comme on apprend toujours quelque chose à ce topo, alors que c’est à chaque fois la même chose. Sans doute le manque de pratique.

Direction le bateau, Baïkal. En passant un petit coucou à Steppe en passant. Claude et Victor peinent à monter à bord. L’inventaire est très pénible. « Ce serait plus simple si ceci s’appelait cela…. c’est ou bâbord?… et pourquoi on fait pas comme ci, etc… ». C’est un truc que je n’ai jamais compris en formation; pourquoi des stagiaires veulent absolument expliquer des trucs qu’ils ne connaissent pas ? Pourtant, l’objet d’une formation, c’est que t’arrives, tu sais pas. On t’explique, tu écoutes, tu comprends ou tu poses des questions, tu pars tu sais (un peu). Je dois être trop basique !

Bords de mer à Concarneau
Bords de mer à Concarneau

Deux jours au port pour apprendre à Claude à monter à bord ! Je frôle la dépression! En plus les topos sont les mêmes que ceux de l’année dernière, et c’est dur de passer après William. Reste la lecture du livre des Glénans. J’adore, mais je peux le faire chez moi! Ballades sur le bord de mer, ponctuent ces deux jours. Puis il y a le départ de la transat AG2R, le village est sympa à visiter.

Ca y est on sort! Victor est à la barre, Fabien et moi nous occupons du bateau, Didier s’occupe de Claude qui n’a pas l’air bien. En rentrant les parrebats, je montre le nœud de cabestan à Fabien. Première réflexion de Didier : « C’est pas parce que t’as déjà fait un stage que tu dois expliquer des trucs aux autres. C’est moi le mono! ».

Victor barre pour laisser Men Fall à tribord. Normal c’est une verte = > tribord. Oui, mais on sort ! Pis y’a des cailloux juste derrière. Je m’en souviens bien avec la rentrée à la voile de l’année dernière on en avait beaucoup parlé. Je commence à dire à Victor qu’à mon sens il vaudrait mieux la laisser à bâbord, deuxième réflexion, ce coup-ci plus appuyée « T’as pas compris! Là en plus tu remets en doute mes capacités de chef de bord. Jamais un stagiaire ne doit donner son avis sur la route, c’est un principe » Ok, cela ne me parait pas trop « Glenans » mais j’ai mon gilet, je l’ai vérifié (au passage je suis le seul dans ce cas à bord), je sais nager, ce n’est pas mon bateau, je vais peut-être vivre une expérience unique.

Bouée verte "Men Fall" Concarneau
Bouée verte « Men Fall » Concarneau

Didier lève le nez vers l’avant. Men Fall est là, à deux trois mètres sur notre tribord. Il bondit vers le poste de barre, violent coup de fouet en marche arrière. Claude tombe. On regagne le chenal. Didier m’explique que c’est de ma faute. Sur un coup comme ça, il faut lui parler à lui. Re OK, y’a des instants qui ne sont pas faciles à vivre.

On envoie les voiles. Arrêt du moteur. Cette sensation est vraiment magique. Même dans des circonstances qui ne me conviennent pas, je goute le bonheur que procure cet instant. Pas longtemps car Claude est victime de mal de mer. Conciliabule à bord. L’avis général est de retourner déposer Claude et de repartir. Pour moi il n’est pas question de benner un membre de l’équipage malade sur le ponton et de repartir. Je resterai à terre avec Claude. Mon point de vue l’emporte on rentre. Quelle sortie! Ca fait presque une semaine qu’on est là, nous ne sommes pas encore sorti du chenal.

J’ai le droit de faire la rentrée. Pendant que Didier et Victor s’occupent de Claude, j’explique à Fabien le plus discrètement possible le nœud de taquet, la préparation des aussières, et ce que j’attends de lui sur le ponton. je ne veux pas froisser Didier, mais comment s’amarrer à deux si l’un ne sait pas du tout quoi faire (d’autant que l’autre à peine)? Arrivée tout nickel. Didier me passe un savon parce j’ai quitté le poste de barre, alors que nous n’avions qu’un tour mort sur une garde. Je crois rêver ! Je suis effectivement allé mettre en place les pointes (en le montrant discrètement à Fabien), mais comment j’aurais pu faire autrement ? Nous avons géré l’arrivée à deux débutants, dont un qui ne l’avait jamais fait. Pis je confirme, je ne suis pas le mono de ce stage, ce n’est pas à moi d’organiser les choses. Mais je n’ai pas non plus envie d’arriver en vrac surtout au ponton Glénans de Concarneau.

Ca va être long ce stage, ou alors partir là tout de suite? Mais bon, je ne pourrai pas reposer des jours, il faudrait attendre un an. Je décide de rester et que de toute façon naviguer est nécessairement source d’expérience, même si c’est pas facile. Le fait que cela ne soit pas facile est aussi une expérience !

Le jour d’après, nous pourrons tirer nos premiers bords dans la baie de Concarneau, avant une nouvelle attaque de mal de mer. Fabien apprends vite, Victor progresse également. Claude sait barrer par instinct, elle n’a aucun problème à lancer virements et empannages. On commence à pouvoir faire des choses.

Dans les trucs hors normes, il y a tous les participants à la Transat AG2R qui font des sorties promotionnelles dans la baie. Nous aurons ainsi l’occasion de rentrer dans le chenal bord à bord avec Yann ELIES, ou de croiser Vincent RIOU sur PLB, grands moments.

Un tout petit point à l’horizon, qui vient sur nous. PLB fond sur nous comme un frelon ! Un ris, toute petite voile d’avant (trinquette ou tourmentin?). Il nous frôle, à deux ou trois fois notre vitesse, avec un bruit d’avion !!! Impressionnant.

Départ de la partie embarquée. Premier jour Concarneau – Bénodet. Au large de Bénodet nous croisons un groupe de dauphins, qui ont envie de jouer. Extraordinaire ! J’étais à la barre, et le dauphin ne regardait en penchant la tête, comme un chien ! Voir ainsi son œil, grand moment! Puis d’un coup de nageoire le voila devant l’étrave à sauter au raz du bateau. Claude et Victor en ont vite assez, pour une fois Didier sera de mon coté et nous restons une bonne heure à jouer avec eux. J’ai eu raison de rester. Rien que cet instant vaut tous les tracas.

Benodet

Après une soirée tranquille à Bénodet, nous voila parti vers Lorient. Navigation sans histoire. A un moment, Didier prend la barre. J’observe qu’il corrige un écart avant que je ne l’ai perçu. Les penons restent accrochés comme s’ils étaient scotchés, tout ce passe en finesse. Quand je lui demande comment il fait, il m’envoie balader « c’est dans les stages d’après ». Je regrette car je suis certain qu’il aurait pu m’apporter beaucoup sur tenir une barre.

Deux jours au ponton à Lorient. 🙁 Je comprends 15 knd de vent c’est beaucoup, mais cela ne parait pas insurmontable, même par un équipage comme le notre. La citée de la mer nous ouvre ses portes.

J’aurais voulu faire un peu de navigation de nuit. Tout ce que j’obtiendrai sera un départ à 7h00 du matin, avec des ronchonnements de tous sauf de Fabien. Nous convenons de rentrer en passant par l’archipel. Je suis à la barre. Didier ne se repère pas, il me demande de continuer sur mon cap pendant qu’il va voir la carte. Je trouve que nous sommes très près de l’archipel, j’ai des moutons devant qui ne me plaisent pas. Je me met à la cape. Nième enguirlandade de Didier, sur le rôle de chef de bord, mais plus tard en rentrant dans la chambre, il me glissera « on est passé pas loin tout à l’heure, mais il n’y a que toi qui t’en es aperçu » m’ouais, si j’avais continué peut-être qu’on l’aurait tous vu!

Retour à Concarneau, bilan de stage. Comme on dit « boire le calice » jusqu’à la lie j’ai droit à un « Ah, tu avais déjà fais un Tribord? Tu n’a pas montré grand chose durant ce stage, il faut que tu fasses preuve de plus d’engagement ». Je garde pour moi ce que je pense de ce moniteur, cela n’a aucun intérêt de s’exprimer. Ce qui avec le temps me reste, c’est qu’il aurait pu me faire progresser beaucoup à la barre, et que je ne comprends pas pourquoi il ne l’a pas fait.

Je retire de ce stage une grand joie d’avoir croisé et joué avec les dauphins, et la capacité à garder son calme lorsque la situation est tendue. Quoique qu’en dise le mono, il me semble que j’ai géré plutôt bien deux trois situations sensibles. Je pense aussi que c’est la dernière fois que je reste avec un chef de bord dont je n’ai pas confiance dans les capacités.

J’ai hésité à écrire cet article, c’est le seul stage Glénans que je n’ai pas apprécié. La formation Glénans est à mille lieux de cette expérience, tous mes autres stages me l’ont démontré.

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