Date | 30 juillet 2013 |
Bateau | Azimut |
Équipage | Emmanuel CASTRO-BENOIST Cécile BRUN |
Distance | 129 Mn |
Vitesse moyenne | 4.8 kts |
Vitesse maxi | 8.7 kts |
A la fin de l’été 2012, la décision était prise: l’année prochaine serait l’année de la première traversée. Pour m’y préparer au mieux, j’ai fais un (nouveau) stage Glénans, lu beaucoup dans la presse et sur les forums.
L’objectif étant uniquement de gérer la traversée, la destination de Cargèse a été retenue. L’idée étant de faire de la plongée pendant les quelques jours de récup entre l’allé et le retour. Grosse documentation sur l’approche du port, et ses dangers (deux roches qui font beaucoup parler d’elles).
L’équipage: ma fille Cécile, nom frère Michel et son fils Frédéric, un collègue Manu. Quelques jours avant le départ, Michel et Frédiric jètent le gant, nous nous retrouvons à trois. J’ai hésité à renoncer, mais l’enthousiasme des deux restants, leur engagement à être deux fois plus sérieux et concentrés à fait peser la balance dans le camp du « on y va ».
Le bateau: Azimut, un Sun Odyssey 32.2, parce que je le connais pour l’avoir déjà loué, et que j’ai confiance dans le propriétaire. Son port habituel est les îles du Frioul, le départ aura donc lieu de Marseille.
30 juillet 2013 – Le départ.
L’abandon de Michel et Frédéric changent aussi les choses: ils devaient venir à Marseille avec Cécile. Nous ne pouvons récupérer Cécile qu’à Hyère. Nous décidons donc de faire un Marseille Hyère à deux avec Manu. L’idée était de partir dans la fin d’un coup de mistral. Cela impose donc de faire ce trajet dans des conditions assez fortes. C’est sûrement pas ce que j’ai décidé de mieux, mais cette journée du 29/08 au portant, avec 6~7 de vent, une houle de 1,5m à été une super mise en bouche.
15h30 – Départ avant port de Hyères
La veille météo dit que le coup de mistral se termine dans la nuit de mardi à mercredi. Nous décidons donc de partir dans l’après midi de mardi.
Faux départ: lors de l’envoi du génois, l’enrouleur se coince. J’avais déjà rencontré le problème, qui vient du changement de voile récent sur Azimut. La première solution d’étarquer plus la drisse de génois a donné satisfaction dans un premier temps, mais plus maintenant. Ne voulant pas partir avec des interrogations sur l’enrouleur, nous regagnons le mouillage pour une petite heure de bricolage (que Cécile et Manu passeront dans l’eau !).La solution est de rajouter un petit bout au point d’amure du génois pour lui donner 15cm de plus, ce qui évite à la drisse de se coincer dans l’enrouler en tête de mât.
17h00 – Deuxième départ
On est reparti. Manoeuvres de mise à la cap pour tout le monde dans la rade Hyère. C’est pas le maxi en terme de sécurité, mais au moins mes deux équipiers savent arrêter le bateau. Tant qu’on est sur la sécurité, le principe c’est une veille permanente à deux. On s’organise en quart de 6 heures : chacun dort 6 heures, puis veille 12 heures. La nuit, harnais et flash light obligatoire. L’équipage ronchone, mais applique.Je sens bien que je les agace avec une attention particulière à la sécurité, pourtant je n’ai pas l’impression d’en faire trop. J’aurais même aimé faire des exercices d’homme à la mer. On s’est contenté de la théorie.
19h15 – Large de l’île de port-Cros.
Passage au large des îles. Ca y est, je suis sur une mer que je n’ai jamais fréquentée.
Nous le savions, puisque c’est un choix, les conditions au départ sont assez fortes.On part avec 2 ris dans la grande voile. Cependant avec le temps perdu par le bricolage du départ, elles sont un peu déscendues: vent 4B avec des raffales 5~6, mer belle. Nous décidons de relacher les ris.
On tient un cap 140, il faudrait faire du 120. Azimut se comporte toujours très bien. Il encaisse les raffales sans sourciller. Nous nous faisons prendre une fois ou deux par des vagues plus grosses que les autres, il s’en sort très bien.
C’est aussi l’heure d’un topo sur les feux des navires, et de comment on repère une route de collision (brrrr, rien que le mot me fais peur!).
20h30 – Large
Nous croisons une famille de dauphins. Ils n’ont visiblement pas le temps de jouer, ils sont juste venus nous saluer. Cécile à la barre est aux anges. Comme mes deux équipiers sont au taquet, je vais dormir mes 6 heures le premier. Les consignes sont simples: « si quoique se soit me réveiller ».
23h00 – Large
Cela ne tarde pas. Une bascule du vent Ouest/Nord-Ouest nous fait faire une route perpenduculaire à celle désirée. En empannant, pas mieux. Bon, c’est pas très Glénans, mais nous décidons de mettre le moteur, et de prendre un cap 108°, direct sur Cargèse. Je reste un moment pour vérifier que la veille se passe bien. C’est le cas. Manu et Cécile sont au top.
31 juillet 2013 – 2h00 – Large
Manu me réveille et me fait un passage de quart très pro. Les évènements sont inscrits dans le livre de bord, les navires visibles identifiés et les routes estimées. Nickel. Comme c’était prévu, les conditions ont baissées.Le vent est tombé à peine 2B sans risée, la mer devient belle. A part l’observation des feux, la navigation est pour le moins tranquille.
5h00 – Large
Depuis un moment, je vois les deux cotes. Le continent et la Corse. On est en gros à 80 Mn de chaque coté (Suite à une discussion musclée sur Hisse et Ho, je précise que je parle des points culminants: Les alpes et le mont Cinto). Je ne pensais pas qu’il était possible de voir les deux ensemble. Il est vrai que les hauteurs sont très importantes de chaque coté. Juste avant l’aube, les conditions de visibilités sont très bonnes, j’ai l’impression que les cotes Corse sont juste là! Comme la météo l’avait dit, on a une bascule. Le vent vient dorénavant de l’Est. Mais il mollit encore. Le soleil se lève. La visibilité devient instantannément moins bonne.Fin des consignes de nuit, au soulagement de l’équipage.
8h00 – Large
Bien que flaible, nous commençons à sentir le vent. On renvoit GV et GN, sans ris il y a des limites! On en profite pour envoyer une ligne de traine. Manu s’engage à cuisiner si cela fonctionne. Ce n’est pas cette fois là que je saurai si Manu sait cuire un poison 😉
11h00 – Large
On peut éteindre le moteur, on a récupéré un vent 3B, plutôt Nord qui nous permet de suivre notre cap 110 sans soucis. On distingue Cargèse. Je me concentre sur les cartes et les articles pour éviter ces deux roches dangereuses non signalée. Il y a encore le temps, mais c’est sûr, nous ne passerons pas trop près.
14h00 – Large
Le vent mollit de nouveau. On allume le moteur pour le soutenir.
17h00 – Large Cargèse
On arrondi très sérieusement la Punta di u Puntiglione. Là encore, je pense que je prends trop de marge, mais un moniteur Glénans m’a dit: « Toute décision qui va dans le sens de la sécurité est une bonne décision. Et quand on l’a mis en œuvre, il faut penser à quelque chose d’encore plus sécure. » J’applique et je m’en porte bien.
20h35 – On l’a fait !
Azimut est au mouillage dans l’avant port de Cargèse.L’eau est d’une transparence! Non seulement nous voyons notre chaine, notre ancre, mais aussi celles des autres bateaux. Incroyable.
Les deux églises sur lesquels je lis plein de trucs depuis des mois sont là. Enfin là c’est pour dire, parce que pour aller les voir, bonjour! Un chemin de montagne, qui a bien faillit me faire abandonner la montée!
Vraiment, il était dit que tout devait bien fonctionner: le débarquement à l’aide du Tagazou (annexe de Azimut), malgré une méchante houle de travers, et un poids certain dedans, se passe sans difficulté majeure.
On l’a fait, merci Cécile, merci Manu. J’ai aussi une pensée pour tous mes moniteurs Glénans. C’est en appliquant ce qu’ils m’ont fait découvrir que j’ai pu réussir cette traversée. J’espère qu’ils liront cet article et se reconnaîtront!
1 août 2013 18h45 – Retour
C’est pétole, pas un souffle de vent prévu avant dimanche. Nous décidons de rentrer au moteur. Du coup, pourquoi attendre?
Je me fais plaisir sur le départ: la ligne de fond des 30m permet d’éviter les deux fameuses roches, en respectant la règle du pouce. Super, je ne l’avais lu nulle part. Faut faire attention à la grosse tête, il y a une nav à gérer.
Après, c’est un peu monotone, cap 310, sur pilote auto, jusqu’à Ste Maxime. Cependant, trois satisfactions: Les quarts fonctionnent bien, veille permanente assurée. Tous les feux ont été interprétés sans ambiguïté. Une manoeuvre d’évitement est très largement anticipée. Ca rentre, mon équipage est au top! Et, comme on dit à Groupama:
11h20 – Cerise sur le gateau
Sur tribord, à 50m à peine, un geyser de presque 10m de haut. Interpellation, observation. Une énorme tache noire, puis un deuxième geyser. Une baleine !!! Rencontre magique, elle fera quatre apnées dans notre champ de vision, avant de nous gratifier d’un coup de queue pour dire au revoir.
19h05 – Ste Maxime
Nous sommes amarré au ponton invités. Cette fois nous pouvons vraiment le dire: « ça, c’est fait ».
Maintenant il faut se chercher d’autres objectifs.