Jusqu’ici, j’ai passé pas mal de temps à m’occuper de D’Jack, à soigner ses tuyaux, ses batteries, ses voiles, ses bouts, ses winchs, son pont et finalement très peu sur l’eau. Mais la plaisance, elle est où? C’est décidé nous passons quinze jours entiers de vacances à bord, avec Flo, Dorine, et Adèle. La famille va découvrir la plaisance!
Malheureusement, Cécile a des obligations professionnelles qui l’empêchent d’être avec nous. Sur la deuxième semaine, Julien, qui s’est découvert une passion voile, se joint à nous. C’est parti! L’idée est de se balader dans la baie de La Rochelle. Mon objectif : atteindre les Sables d’Olonne.
Le départ, Soubise
Arrivée tard le soir. Ouverture de D’Jack, branchement, sortir les draps et faire les lits. La routine commence à s’installer, mais cela serait plus simple si D’Jack était plus près!
Le lendemain matin, courses, transfert des bagages à bord (avec trois filles dans l’équipage, c’est pas neutre…). Nous avons prévu de commencer par passer au port de Rochefort. L’écluse ouvre en fin d’après-midi. Passage à la capitainerie et là les choses vont très vite: une heure plus tard nous sommes à l’eau, même pas eu le temps de ranger les courses. Ils sont forts à Soubise quand même!
Nous avons le temps de faire un passage au ponton pour se préparer, et nous voilà en train de remonter la Charente. Adèle prend la barre et comprend très vite comment négocier les virages très amples. Passage des deux ponts et nous voilà à Rochefort. Je préviens que je ne suis pas superman de la manœuvre, la capitainerie nous donne une place très facile à négocier.
Le soleil est de plomb. En faisant l’aller-retour à la capitainerie pour les formalités, j’attrape une mini insolation. Il va falloir faire attention.
Étape 2 – Rochefort
A peine amarré, désagréable surprise: la cuve eaux noires est bouchée. Comme nous sommes au port, cela n’est pas si gênant. Dès que nous sortirons, je l’ouvrirai et j’espère que l’eau salée fera le reste (oui, je sais grand naïf!).
Deux jours sympas à Rochefort. J’aime cette ville et l’accueil de ce port est incomparable. Un passage à l’incontournable café des demoiselles, un autre pour déguster les « Rackam le rouge » en pensant à Pascal et Fabrice. C’est l’occasion du premier breifing « plaisance en famille ». Maintenant, il est temps de naviguer.
Étape 3 – Boyardville
Ouverture des portes: 6h30. Ronchonnements dans l’équipage : « Non mais il croit quoi ce capitaine? On n’est pas en vacances pour se lever à l’heure normale, et dans plaisance il y a plaisir! ». Finalement je suis aidé par Flo. Nous quittons avec regret Rochefort, nous nous y sentions bien. Au moment de passer l’écluse, nous nous rendons compte que nous avons encore le badge des sanitaires. Nous allons être quitte pour s’arrêter au ponton d’accueil :-(. C’est sans compter sur le sens du service de la capitainerie, qui a prévu l’épuisette qui va bien!
A peine sortis du port, nous croisons un énorme cargo. Et là, 5 coups de corne « J’ai des doutes sur votre manœuvre » Quel doute???? Je suis tassé le plus possible sur tribord, et il vient de croiser un autre voilier sans soucis. Répétition des 5 coups. Je ne vois pas en quoi je le gène, ni ce que je peux faire pour arrêter de le géner. Au croisement (qui par ailleurs se passe sans dommage réciproque), le capitaine sort de sa passerelle et m’interpelle dans un langage que je ne comprends pas. Je crois que c’est mieux comme cela!
La remontée de la Charente opère son charme habituel. Flo se sent de prendre la barre pendant que je range, et même de la garder après.
Les filles nous rejoignent à Port des Barques, juste à temps pour envoyer la GV. Le vent est au abonné absent : 5 à 6 nœuds prévus sont plutôt 0.5 à 1 dans les rafales. Pour une première D’Jack avec tout le monde à bord, c’est rassurant, même si je dois ronger mon frein . D’ailleurs pas tant que ça, pour moi la plaisance, c’est aussi prendre son temps. Passage devant le fort Boyard, puis descente jusqu’à Boyardville.
Premier mouillage de D’Jack. Avec Dodo à la barre, tout se passe facile.
Amusant ce mouillage. Sur l’eau nous étions tranquille, avec très peu de collègues. Ici, c’est le tourisme de masse. Les excursions de toutes sortes n’arrêtent pas. Dès qu’un bateau arrive, un zodiac surgit plein des participants suivants. Transbordage et re-départ. On est bien sur D’Jack! Flo et Adèle font honneur à leur sang Viking en se baignant dans une eau dont la température me semble parfaite pour être mélangée avec une boisson anisée, mais complètement inadaptée à une baignade estivale.
Étape 4 – Ile d’Aix
Départ du mouillage de Boyardville et direction 5 mn plus loin de l’Ile d’Aix. Sur le chemin, rencontre avec un magnifique bâtiment: l’Hermione elle-même. Nous pouvons nous approcher très près. Je m’époumone « Pauline », car ma co-stagière des Glénans est à bord, mais pas de réponse.
Nous prenons le coffre sans difficulté par l’arrière. La jupe de D’Jack est pratique pour cela. Enfin sans difficulté entre le vent et le courant, pas simple de stabiliser D’Jack et d’attraper le coffre en même temps, mais cela finit par se faire.
Pendant ce temps, l’Hermione mouille au large de lîle. Amusant d’avoir sa silhouette si près.
Arrivé du préposé du mouillage, commande des croissants du lendemain et petite visite sur l’île pour les filles. Je reste à bord pour gonfler D’Jackouille pour tenter un débouchage de la cuve eaux noires.
Échanges avec Pauline sur FB, elle est bien sur l’Hermione. Ils vont rester ici la journée du lendemain pour avoir le temps de caler bas les mâts. De loin, je n’arrive pas à imaginer comment on fait un truc pareil! Ils sont forts ces BOCS!
Tentatives vaines de débouchage, je n’arrive pas à aller au delà du coude de la vanne. Il ne faut des outils plus sérieux. J’en profite pour tester le moteur électrique de D’Jackouille. Plutôt sympa!
Le lendemain, Flo comptait passer la journée sur l’île avec les filles. Oui, mais la marée basse arrive avant le lever des demoiselles et elle est vraiment basse: D’Jack est à sec, planté dans 3 m de vase. La découverte de l’île sera réduite.
Nous changeons un peu nos plan: l’idée initiale était d’aller sur La Rochelle, mais les pavillons sont arrivés à Soubise (merci cousine). Petit passage à notre port d’attache pour les récupérer.
Étape 5 – Soubise
Pour attraper la marée, qui nous permet de remonter la Charente, il faut décoller à 5h30. Nul besoin de préciser que l’annonce de l’horaire du départ n’a pas fait naître un enthousiasme débordant dans l’équipage. Il n’y a que moi qui suit ravi: j’adore la nav de nuit.
Ok, je fais tout seul, dans le plus grand silence. Réveil à 4h45. Pendant la prise de mon café, Dodo apparaît, suivie quelques minutes plus tard d’Adèle. C’est finalement avec mes deux filles que nous allons la faire cette nav.
Préparation du départ, largage du coffre, extase! La nuit est magnifique, une lune majestueuse, la silhouette de l’Hermione au loin, qui surveille si nous naviguons bien. Toutes les balises sont allumées, identifiées. L’entrée de la Charente est presque plus simple de nuit que de jour. Dodo et Adèle prennent la barre pour tester l’approche d’un alignement. Grand moment: lever du soleil. Je me demande comment un spectacle peut être à la fois si banal, et si extraordinaire. 8h30 appontage à Soubise. Une pure merveille cette mini nav.
La capitainerie a reçu les pavillons. Merci Nathalie! Je ne peux résister au plaisir de les installer sans tarder.
D’Jack à fier allure pour saluer l’Hermione qui remonte vers Rochefort, son port d’attache, par la marée du soir. Elle passe majestueuse à quelques mètres de D’Jack, et nous salue de deux salves de canons. Je cherche Pauline sur le pont, je ne la trouve pas. Normal, c’est elle qui nous tire dessus!
Lorsque qu’avec les filles nous avons identifié les bouts, j’étais tombé en plan avec le ris 2. Profitant du calme de Soubise, je cherche et impossible de mettre la main dessus. En fait il est dans la bôme. Merci à Tristant, du port Ad’Hoc, d’avoir pris le temps de m’aider à démonter et à le repasser correctement. Restait la question: comment a-t-il pu aller s’y cacher?
La réponse a été donnée au premier envoi de la GV: il est trop court. Une fois la GV haute, il ne dépasse de la bôme que de quelques cm. Comme il est de même couleur que la drisse de génois, c’est cette dernière qui revenait au cockpit. L’achat de la longueur suffisante règle le pb. Vraiment quand on achète un bateau, il ne faut rien croire de se que dit le vendeur, et tout tout vérifier soi-même. J’espère que c’est la dernière « surprise » que je découvre.
Je profite de l’étape pour acheter une ventouse et un furet. Je l’aurai un jour cette ‘ »é(è-_çà) de cuve eaux noires.
Étape 6 – La Rochelle
Nous voilà parti pour La Rochelle. Un petit vent NNO 2~3B est juste ce qu’il nous faut pour tester la navigation à voile. D’Jack se comporte parfaitement bien. Le filles testent la barre sous voiles. Elles s’en sortent comme des championnes (oui, je sais, je ne suis pas objectif ;-). Les essais de débouchage de la cuve eaux avec la ventouse ne sont pas couronnés de succès. A suivre.
A l’arrivée nous prenons la peine, malgré la marée basse d’aller tourner des images sur les portes. Le destin ne veut pas que j’ai ces images ou quoi?
La prise de place est sans soucis. Tant sur le ponton accueil que sur la place définitve, tout se déroule en douceur. Merci Fabio !
Je profite de l’étape pour régler le problème du ris 2 définitivement.
Arrivée de Julien. Intégration immédiate. Nous profitons des infra du port pour vider notre cuve eaux noires. De retour au
ponton, elle ne résistera pas au furet. Ouf! bonne chose de faite.
Étape 7 – Bourgenay
J’ai eu le Youtubeur « Flibustier« , dont je suis les aventures nautiques. Il a Bourgenay comme port d’attache. C’est décidé, nous allons lui faire un petit coucou. La plaisance c’est aussi les rencontres. Bourgenay n’est qu’à quelque miles des Sables d’Olonne, cela me permettra d’atteindre mon objectif. Le plan est d’ensuite faire une escale à St Martin en Ré, puis re La Rochelle pour déposer Julien à la gare, puis rentrée sur Soubise.
Le réveil est difficile, je n’arrive pas à mobiliser l’équipage avant 10h. Horaire un peu tardif de départ, nous avons du chemin!
Le départ est serein, jusqu’au passage du pont de l’île de Ré. Gopro à l’eau :-(. C’est complètement de ma faute, et en plus c’est un truc que je ne fais jamais: je trouve que les accessoires Gopro sont hors de prix. 50€ pour un support me paraît dément. Du coup j’ai acheté pour une trentaine d’euro une valise d’une quarantaine d’accessoires, dont un pied/ perche à selfy. Il casse net, expédiant ma caméra chez Neptune. Belle économie, qui me coute la Gorpo, les images de l’Hermione à Soubise, avec Pauline qui me tire dessus au canon, les images de Soubise -> La Rochelle, les images des portes de La Rochelle. Par dessus le marche, la fin de croisière sera faite avec l’appareil photo, qui ne fournit pas du tout les mêmes images. Dégouté! Cerise sur le gâteau ( comme on dit chez Groupama) c’était un cadeau d’anniversaire et Flo ne prend pas très bien la chose.
Histoire de détendre l’atmosphère, le vent forcit, tourne pour se mettre pile dans la direction de Bourgenay. Nous ratons le rdv en mer avec Flibustier, et arrivons à Bourgenay avec un mental en miette. Heureusement, le charme du port et l’accueil sympathique nous font passer à la suite.
Rencontre sympa avec « Flibustier« , mais journée difficile! Cela permet de toucher les limites de la plaisance: Vent 20kns ça passe 25 ça casse, Houle 1m confort, 1,5m mutinerie. Il faut que je fasse vraiment attention à ne pas dépasser, sous peine de faire sortir la famille (et surtout l’amirale!) du jeu.
Étape 8 – Les Sables d’Olonne
Comparativement à la veille, le trajet Port Bourgenay -> Sables d’Olonne est très court et les conditions sont redescendues. Très agréable ballade, où Julien montre à Dodo comment barrer avec les penons. D’Jack a fier allure, bien réglé et voiles parfaitement gonflées.
Le chenal d’accès! Mythique. Un très grand moment d’être là. De la jetée j’entends un garçon dire à son père: « Regarde comme il est beau le bateau ». J’ai envie de l’adopter!
La prise de place est très facile: la capitainerie est redoutable d’efficacité: on s’amarre au ponton d’accueil, quelques mètres à faire, en 30s D’Jack est enregistré, la place payée, sur la facture plan d’accès et tous les codes nécessaires. Remarquable!
L’étape des Sables me permet de positionner sur babord la chaise du moteur de D’Jackouille et le support de la bouée fer à cheval sur tribord, pour dégager le pavillon.
Nous passons la soirée dans un restau italien hors norme: la déco est sur le thème du film « Le Parrain ». Très bon moment.
Adèle se plaint de ne pas faire grand chose sur D’Jack. C’est vrai de lorsque je vois la taille de ses tout petits doigts, comparée à la violence des efforts dans les bouts/winches je n’ai pas envie qu’elle y touche. Aussi je la réveille tôt ce matin et hop hop hop en forme, c’est toi qui nous sort des Sables.
Fière comme Artaban, Adèle barre pour la sortie de la place et la remontée du chenal.
Étape 9 – La Rochelle
Le retour vers La Rochelle est une belle journée sous voiles. Le tour de l’île de Ré par l’ouest est sympa. Nous devons malheureusement faire appel à la risée diesel pour finir.
Comme toute fin, cette journée est un peu nostalgique. Nous décidons de prolonger un peu le bail de Julien, en rentrant le lendemain sur Soubise, et en le raccompagnant au train à La Rochelle en voiture.
Retour Soubise
Départ de Julien. Avant de dégonfler D’Jackouille, petit essai sur la Charente avec du courant. Le moteur électrique est moins convainquant à l’île d’Aix.
Sortie de l’eau, rangement, nettoyage et une méchante déchirure dans la cuisse en faisant le plein. Je l’avais jamais faite celle la! Mais c’est une bonne stratégie de se blesser juste avant les corvées 😉
Conclusion: la plaisance, c’est fait pour nous!
Presque 200mn parcourus, l’objectif des Sables atteint. Découverte de la plaisance réussie, tout le monde veut revenir. L’Hermione en invitée surprise. Rencontre Youtube sympathique de Flibustier, et bien que cela soit hors de notre terrain de jeu de Pierro.
Plaisance rime avec vacances : quinze super jours de vacances. Tout le monde a apprécié, pas de blessés (à part ma cuisse, mais cela ne compte pas).
Aucune avarie, pas de soucis technique majeur. Les deux problèmes du ris 2 et de la cuve eaux noires ont été solutionnés sans que cela ne pèse trop sur le programme. D’Jack doit commencer à être techniquement au point. Pas une goutte de gazoil perdue, nous avons même réussi à recalibrer l’anémomètre! Amélioration avec le moteur électrique de D’Jackouille et les pavillons (je suis très fier de mon pavillon propriétaire, merci Nathalie).
D’un point de vue habitabilité/confort, D’Jack nous convient parfaitement. A cinq la vie est facile à bord. La salle de bain convient aux plus exigeantes. Les autonomies en gasoil, eau et électricité conviennent pour notre utilisation. Même la machine à laver, que je comptais débarquer à la première occase, a prouvé son intérêt.
D’un point de vue navigation, D’Jack est un bateau très sûr. C’est un vrai plaisir sous voile (et bien que cela me parle beaucoup moins au moteur également) et ce plaisir a été partagé. S’il est un peu physique à manœuvrer en solo, dès qu’il y a un peu d’aide ça le fait.
Des manœuvres fluides, merci Fabio. Je dois commencer à avoir D’Jack dans l’œil. Attention toutefois à ne pas prendre la grosse tête, il n’y a jamais eu trop de vent et les places étaient faciles.